Ravi de voir sa feinte marcher, Klonkku avait battu en retraite en toute précipitation, bien décidé à ne pas remrettre les pieds devant le duc. Il entra vite dans ses appartements, et s'arrêta une fois la porte verouillée pour reprendre son souffle. Il se rendit compte alors que cet endroit lui manquerait: il s'y était installé si confortablement...
Composé de trois pièces, la suite était adaptée au goûts du halfelin: luxueuse avec une apparence de sobriété. Ainsi, l'antichambre dans laquelle il se trouvait, qui lui servait également de salon, était garnie de fauteuils confortables, d'un tapis, d'une table basse, et d'une petite armoire où il rangeait quelques bouteilles. De cette pièce on accédait au bureau et à la chambre; le bureau n'étant en fait qu'un paravent pour les visiteurs (éventuellement indiscrets). Meublé de façon classique d'un bureau, accompagné de quelques sièges et d'une fenêtre barrée donnant sur la ville. Il y avait là des papiers sans importance et quelques bougies à moitié consumées. Mais c'est dans sa chambre que Klonkku avait entreposé ce à quoi il tenait le plus: lettres compromettantes (pour les autres), adresses utiles, recettes exotiques, et objets divers d'utilité discutable, mais qui avaient valeur de souvenirs.
C'est donc dans cette dernière pièce qu'il se dirigea rapidement, en réfléchissant à ce qu'il devait prendre pour ne rien oublier d'important.
Il y retrouva également sa courtisane, mais elle ne poserait pas de problême: sans doute ennuyée de l'attendre, elle s'était endormie et ronflait bruyamment.
Le halfelin s'activa donc rapidement dans tous les coins de la pièce, ouvrant des tiroirs secrets, désarmant des serrures piégées...
**Je me demande si je ne suis pas devenu un peu paranoïaque sur mes vieux jours...**
Il venait de se faire pincer le doigt dans une tapette à souris qu'il avait oublié de désactiver - et qui démontrait son peu d'efficacité - tout ça pour récupérer des vieilles lettres d'amour d'une veuve à son amant, tout deux morts depuis longtemps. Il les laissa et vérifia qu'il avait bien tout dans le sac de cuir qu'il gardait à ces fins. Apparemment c'était le cas, il se prépara donc à partir; mais ne put résister à une dernière "plaisanterie": il attacha doucement la cheville de la courtisane au montant du lit, au moyen d'un fil de pêche. Ensuite de quoi il déplaça un gros coffre, et découvrit une trappe au bord assez mal découpés - il l'avait faite lui-même une nuit d'orage - qui lui permettrait d'éviter que quiconque le voit sortir de ses appartements. Elle donnait sur une chambre inoccuppée depuis longtemps, et qui par bonheur n'était pas très éloignée d'une poterne qui - l'épérait-il - ne serait pas gardée.
